L’Inde, pays d’Asie du Sud, est devenue un lieu de voyage prisé depuis l’Antiquité, tant par les voyageurs de plaisir, les explorateurs, les missionnaires, que par les marchands et les diplomates. Les récits de voyageurs illustres comme Pierre Loti, Mark Twain ou encore Alexandre Dumas, ont grandement contribué à la popularité de l’Inde et à sa mystique. Aujourd’hui, l’Inde est un des pays les plus visités du monde, avec près de 10 millions de touristes par an.

Dans cet article, nous allons explorer l’histoire du voyage en Inde, de l’Orient mystique à l’ère moderne, en passant par les voyages d’exploration et les voyages de plaisir. Nous examinerons également l’impact des récits de voyageurs sur l’image de l’Inde et sur les comportements des touristes actuels.

## L’Orient mystique

L’Inde a été un lieu de pèlerinage pour les voyageurs depuis l’Antiquité. Les Grecs, les Romains, les Arabes et les Perses ont été les premiers à visiter l’Inde, pour des raisons religieuses, économiques ou politiques.

Les voyageurs grecs ont découvert l’Inde au IVe siècle av. J.-C., lorsque l’empereur Alexandre le Grand a envahi l’Asie. Les voyageurs grecs ont laissé des récits détaillés de leur voyage, qui ont été conservés jusqu’à nos jours. Les plus célèbres sont les récits de Mégaré de Syracuse, Diodore de Sicile et d’Aristote.

Les voyageurs arabes ont également exploré l’Inde, à partir du VIIe siècle. Les Arabes ont laissé des récits de leurs voyages, qui ont été traduits en persan, arabe et turc. Les plus célèbres sont les récits de Ibn Battuta, Ibn Khaldoun et Ibn Fadlân.

Les voyageurs perses ont également découvert l’Inde, à partir du XIe siècle. Les voyageurs perses ont laissé des récits de leurs voyages, qui ont été traduits en persan, arabe et turc. Les plus célèbres sont les récits de Nasir-e Khusraw, Ibn al-Balkhi et Ibn Jubayr.

## Les voyages d’exploration

Les voyages d’exploration en Inde ont commencé au XVIe siècle, avec l’arrivée des Européens. Les Européens ont été les premiers à explorer l’Inde de manière systématique, à la recherche de nouvelles routes commerciales, de ressources naturelles et de connaissances scientifiques.

Parmi les premiers explorateurs notables, on retrouve les Portugais, avec Vasco de Gama qui atteint Calicut en 1498, ouvrant la voie à une longue période de présence coloniale. Suivront les Hollandais, les Français et surtout les Britanniques, chacun cherchant à établir son influence sur le sous-continent. Ces expéditions, bien que motivées par des intérêts économiques et politiques, ont également donné naissance à un corpus important d’observations ethnographiques, botaniques, géographiques et linguistiques.

Au XVIIIe et XIXe siècles, les voyages d’exploration deviennent plus scientifiques, notamment avec les missions parrainées par des sociétés savantes européennes. Des naturalistes comme Joseph Dalton Hooker parcourent l’Inde pour étudier sa flore, tandis que des cartographes britanniques entreprennent la monumental « Great Trigonometrical Survey of India », une entreprise colossale destinée à cartographier l’ensemble du territoire.

Ces voyages n’étaient pas exempts d’idéologie. Ils s’inscrivaient dans une logique coloniale où l’exploration servait à mieux administrer, contrôler et exploiter les territoires. Pourtant, ils ont aussi permis de collecter une richesse de données et d’objets qui nourriront les musées et les bibliothèques d’Europe pendant des siècles.

Au-delà des explorateurs officiels, l’Inde a aussi fasciné les écrivains-voyageurs. Des figures comme Pierre Loti, qui parcourt l’Inde à la fin du XIXe siècle, apportent une vision plus subjective, teintée de romantisme orientaliste. Pour Loti, Bénarès (Varanasi) devient le lieu d’un éveil mystique, d’un choc entre la modernité occidentale et une tradition spirituelle millénaire.

Enfin, à l’époque contemporaine, le voyage d’exploration prend une tournure plus personnelle. Moins motivé par la conquête ou la science, il devient introspectif, souvent lié à la quête de soi. L’Inde, perçue comme un territoire de contrastes extrêmes, attire encore les voyageurs en quête de sens, de spiritualité ou d’expériences transformantes. Les récits de ces nouveaux explorateurs — qu’ils soient journalistes, blogueurs ou artistes — témoignent de la permanence du mythe de l’Inde comme terre d’éveil et d’inconnu, tout en soulignant les mutations profondes du pays.

Ainsi, des premiers relevés topographiques aux récits numériques d’aujourd’hui, les voyages d’exploration en Inde tracent une histoire parallèle du regard occidental, entre fascination, domination et admiration.